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Le commerce de l'écorce et du bois de pulpe
Après la fermeture de l'industrie du tanin (1877) arrive la même année l'ouverture du moulins à papier au pied du Sault à Maddington Falls. Les entrepreneurs et les commerçants de bois restent très intéressés à venir continuer l'exploitation de nos forêts qui offre encore de nombreuses possibilités. La demande accrue du produit de l'écorce pour les grandes tanneries, l'avantage d'écouler localement le bois de pulpe au moulin à Maddington et le chemin de fer de Bulstrode Station qui favorise l'exportation, même aux États-Unis et en Angleterre, font que le bois demeurera encore pour plusieurs années la principale source de revenus dans notre localité.
Les nombreux chantiers à Maddington et à Bulstrode exige une main-d'oeuvre assez nombreuse pour leurs coupes de bois. Le (plumage) du bois de papier dans les cours à bois fournit lui aussi du travail à volonté ; même le colon s'y engage et travaille jusqu'au crépuscule afin d'arriver à se faire un revenu supplémentaire.
Le commerce du bois qui a duré près de 40 ans chez-nous, se fait malheureusement au détriment de la colonisation. Toucher un salaire régulier est alléchant pour celui qui s'y adonne. Quant aux travaux de défrichement pour avancer la colonisation, il faut trimer dur plusieurs années avant que cela soit quelque peu rémunérateur.
Le commerce du bois qui accompagne les premiers colons à leur arrivée leur apporte certains avantages. Il leur permet d'écouler les surplus des produits de la ferme pour approvisionner en nourriture les camps de bûcherons. On peut vendre aussi les surplus de foin et d'avoine pour les chevaux.
Pour l'écorçage, on doit attendre la montée de la sève. L'écorce de pruche à cette période de l'année devient très malléable. Les billots sont coupés en longueur de quatre pieds et sont écorcés sur place. Le bûcheron pratique avec sa hache quelques incisions sur le bout de la bille et l'écorce s'enlève sur toute sa longueur sans se briser. De forme arrondie, on en fait de gros rouleaux équivalant à une corde. Ce produit est voituré directement du chantier au chemin de fer de Bulstrode Station pour être chargé dans les wagons laissés à la disposition sur les dessertes.
Quand aux billes ainsi dépouillées, elles sont abandonnées sur place ne représentant aucune valeur marchande.
Le sapin et l'épinette sont utilisés pour le bois de papier. Comme pour l'écorce, le bois abattu est coupé en longueur de quatre pieds (pitoune). On charge dans des charettes ou des (sleighs plats) tirés par des boeufs, ce produit destiné à la cour à bois. On emprunte la route d'Hodges. À l'époque, cette dernière est un chemin très primitif ponté de rollons. Les voitures à roues semblent sauter d'une bosse à l'autre plutôt que de rouler. Le printemps, elle devient impraticable.
Dans le temps, Bulstrode Station porte le nom de "Terre Noire", probablement pour évoquer la grande étendue de terre noire qui brûle durant tout l'été jusqu'à tard l'automne sans même diminuer d'intensité à l'arrivée des premières neiges. À la longue, ces feux deviennent très désagréables à cause de l'odeur qui s'en dégage.
Arrivées à la cour à bois, les billes de sapin et d'épinette sont dépouillées de leur écorce mais d'une manière autre que le fut la pruche. On appellait cette opération le plumage du bois de papier. Chaque travailleur est assis devant un chevalet sur lequel il dépose une bille. Avec un outil spécial, sorte de lame tranchante, munie à chacune des extrémités d'un manche court et vertical, il procède par des mouvements de haut en bas à l'écorçage de la bille de toute la surface. Après cette opération, ce bois de quatre pieds sera expédié par train vers les usines de pâte à papier ou vendu au moulin des Currie à Maddington.